Ride au beau milieu de l'Atlantique :
la vraie grande nouvelle du jour, c’est que nous allons tenter une sortie en planche ! La décision est prise lors du déjeuner et sitôt ce dernier achevé, nous nous retrouvons à gréer le matériel flambant neuf de Pat sur le trampoline.
Tout d’un coup, c’est comme si une chape de plomb était tombée sur Steph et moi, le stress nous prend tous les deux alors que nous gréons et établissons une procédure de mise à l’eau et, plus important encore, de retour sur le bateau.
Pat nous équipe tous deux d’une balise AIS à déclencher en cas de difficulté pour qu’on puisse nous retrouver, ce qui rajoute de la pression.
Même si l’air est à vingt-huit et l’eau à peine plus fraiche, je m’équipe de ma combinaison intégrale d’été à manches courtes et branche mon GPS perso pour pouvoir regarder ma trace sur Google Earth une fois de retour. En effet, nous sommes à quelques miles de la moitié de la traversée, soit un plein milieu de l’Océan Atlantique !
La pression est énorme, les regards que nous échangeons avec Steph ne mentent pas. Nous n’en menons pas large, sous nos straps, ce sont plus de cinq mille mètres de fond qui nous attendent, autant dire que la mise à l’eau va s’apparenter à un vrai saut dans le vide.
Le fait de gréer le matériel, essayer tant bien que mal de le régler et m’équiper, me fait rentrer dans une sorte de petite routine qui me rassure et une heure plus tard, nous sommes partis pour le grand bain.
Malheureusement, le vent qui était solidement établi aux alentours de vingt nœuds ce matin a singulièrement molli et ne souffle plus qu’à douze ou treize petits nœuds lorsque nous montons sur nos planches. C’est très légèrement insuffisant pour nous permettre de naviguer au planing, nous sommes donc plus en mode "équilibriste" qu’autre chose, mais bon sang, nous y sommes !!! Nous faisons de la planche au beau milieu de l’Océan, les poissons volants et les copains qui nous mitraillent depuis le bateau sont là pour en témoigner !
Nous serons par ailleurs suivis une longue partie de notre balade sans que nous ne nous en apercevions, par un joli oiseau, sorte de Fou de Bassan, dont il faudra que je regarde plus précisément l’espèce, une fois rentré.
Le retour sur le bateau s’effectue sans trop de difficulté, même si ce dernier n’est pas très manœuvrant (il ne tourne par prudence que sur un seul moteur, car nous craignons qu’un fil de pêche emprisonne l’hélice du second), et que de notre côté, en équilibre précaire du fait du manque de vent, nous craignons son inertie lors des phases d’approche.
Nous sortons de cette session fourbus, alors qu’elle n’a pas duré une heure, mais le stress et les conditions nous ont épuisés. Je ne sais pas si nous aurons l’occasion de retenter une sortie, mais si c’est le cas, cela se fera en petit matériel dans un vent plus consistant et à une seule personne à la fois, car au final, il est difficile de naviguer côte à côte, ce qui rend la surveillance depuis le bateau beaucoup plus difficile.